Cultiver la pédagogie et la vente direct Cultiver la pédagogie et la vente directe
Sandrine Gouat a créé sa ferme en 2003. Elle l’a axée sur l’accueil pédagogique et la valorisation en direct de ses productions, en partie bio.
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Suite à une formation d’éducatrice spécialisée, à l’approche de la trentaine, Sandrine Gouat a quitté le médico-social pour l’agriculture. « En 1998, mon mari Laurent et moi avions acheté cette ferme, à Auxelles-Haut (Territoire de Belfort) avec 10 ha de prairies, mais aucun bâtiment. Depuis l’enfance, je voulais devenir agricultrice. Mes parents ne l’étaient pas, mais j’aidais sur la ferme de voisins », relate l’exploitante de 43 ans.
Après un BPREA (Brevet professionnel responsable d’exploitation agricole) en 2002, Sandrine s’installe avec le projet de monter une troupe de 300 ovins et une activité de ferme pédagogique. « Permettre à des enfants de s’épanouir en découvrant ma ferme me motivait ! », dit-elle.
Médiation animale
Situé au pied du Ballon d’Alsace, dans le piémont vosgien où la forêt domine, l’élevage des Champs Lambert a peu à peu agrandi sa surface. « Il a fallu défricher une partie des terrains repris, souligne Sandrine. Par le pâturage de nos moutons et bovins, nous garantissons l’ouverture du paysage. »
Une basse-cour, quelques porcs et du maraîchage, « développé pour l’installation qui n’a pas eu lieu d’une amie », se sont ajoutés aux bovins et aux ovins. L’activité de ferme pédagogique n’a débuté qu’en 2010, « car il a fallu aménager l’espace d’accueil et les accès. »
Des publics en situation de handicap (instituts médico-éducatifs, Adapei (1), structures pour enfants autistes…) viennent à la ferme tout au long de l’année. « Je reçois plusieurs établissements d’éducation spécialisée, à la journée ou demi-journée, selon un rythme hebdomadaire ou mensuel, propre à chacun », explique Sandrine. Éducatrice dans l’âme, elle va suivre une formation en médiation animale. Une pratique d’aide aux personnes via une interaction avec l’animal, qu’elle met déjà en œuvre avec les groupes accueillis.
Membre du réseau Bienvenue à la ferme, Sandrine reçoit aussi des écoles de fin mars à début juillet, et des centres de loisirs durant les congés scolaires d’hiver, de printemps et en juillet. Elle gère ce pic de visites grâce à l’aide de Laurent, conjoint collaborateur, et de stagiaires. Les enfants découvrent la ferme et nourrissent les animaux sur une demi-journée, puis prennent part à un atelier de transformation (pain, galettes de pommes de terre, jus de pomme en automne…). L’agricultrice veille à leur expliquer que « tout ce qu’ils mangent vient d’une ferme », ainsi que le mode de production qu’elle a mis en place.
Ventes très locales
L’exploitation a pris la voie de la vente directe en 2010. « Avant, nos agneaux partaient à la coopérative et nos bovins chez des négociants. Lors de réunions avec la chambre d’agriculture sur les circuits courts, j’ai vu que ce serait un moyen de créer de la valeur ajoutée. » Pas question toutefois pour l’agricultrice, qui a investi dans les bâtiments d’élevage et pour l’accueil, de s’équiper d’un outil de découpe de ses viandes. Elles sont conditionnées en colis à l’abattoir, puis remises à la ferme aux clients sur commande. « Le bouche-à-oreille a fonctionné. Je n’ai pas vraiment communiqué pour trouver une clientèle », note Sandrine, précisant que les agneaux sont en majorité « achetés vivants au printemps par des particuliers pour l’entretien des vergers. »
Sur le marché de Giromagny, à 4 km, l’agricultrice commercialise ses légumes et pommes de terre chaque samedi matin, de mai à novembre. Et l’ouverture au printemps 2015 d’un magasin de produits du terroir au lycée agricole de Valdoie, à dix minutes de la ferme, offre un débouché supplémentaire aux viandes et aux pommes de terre, moyennant une commission de 20 % sur les ventes.
Confrontée à une lourde charge de travail, Sandrine Gouat envisage aujourd’hui de confier les activités maraîchage et porcs « à deux personnes qui veulent s’installer, et avec qui je travaillerais en partenariat pour faciliter l’accueil. » L’exploitante aimerait à terme créer une nouvelle activité, de paysan boulanger. « Je fais déjà du pain en ateliers pédagogiques. Mais pour assurer une ou deux fournées par semaine, je devrais réaliser un investissement important dans un four. »
(1) Association départementale de parents et amis de personnes handicapées mentales.
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